Le petit manuel de la Protection Animale
Le petit manuel de la Protection Animale = PA
Fortes de leurs quelques dix années d’expériences dans la protection animale, les Associations Féline Love (71) et Les EntreChats (38) souhaitent partager leurs règles de base pour que tous ceux qui le souhaitent puissent gagner en efficacité et en sens des responsabilités.
Tous les gens qui viennent sur cette page sont impliqués d’une manière ou d’une autre dans le sauvetage des animaux. Mais faire des sauvetages ça ne s’improvise pas, on doit le faire avec un grand sens des réalités au risque de mettre en péril toutes les petites vies dont nous sommes devenues responsables. Nous avons appris de nos erreurs passées et nous avons tracé une ligne de conduite ferme (certains penseront rigide…) qui nous semble fondamentale pour perdurer.
Les missions premières de toute association de protection animale :
– La vérification de l’identification de tout animal trouvé errant (il peut avoir une famille qui le cherche ou appartenir à un groupe de chats libres déjà pris en charge par un tiers). Toute association devrait posséder un lecteur de puces électroniques pour pouvoir faire une recherche rapide y compris les soirs/nuits ou jours fériés. Pour information : on peut acquérir pour moins de 60 euros un lecteur sur Internet ou par l’intermédiaire de nos vétérinaires.
L’enregistrement à l’ICAD en tant qu’ « acteur de la filière » s’obtient sur simple demande et permet de vérifier les numéros d’identification et facilite la gestion des animaux enregistrés au nom de l’association.
– L’identification : Elle est obligatoire pour être en conformité avec la loi. Elle nous permet de confirmer la propriété de l’animal et donc la responsabilité. C’est le seul moyen de faire valoir vos droits en cas de litige (disparition, vol, maltraitance…). Et c’est une réelle chance pour retrouver votre animal en cas de perte.
https://www.i-cad.fr/reglementation/identification_du_chien_et_du_chat
– La stérilisation : C’est réellement la mission de base de toute association de protection animale. Il est inconcevable de laisser les chats (ou les chiens) se reproduire alors que tant d’animaux se trouvent enfermés dans des refuges surpeuplés attendant de trouver la famille qui les aimera. La gestion d’un groupe de chats errants (on préfère dire “chats libres”) passent par un comptage du groupe, le trappage et la stérilisation/identification de chacun avant remise sur site aux bons soins de nourriciers.
Et si les femelles sont gestantes, il faut arrêter de réfléchir. Il n’y a qu’une solution viable à long terme : L’AVORTEMENT ! Personne n’a les moyens de trouver des adoptants pour tous les chats/chatons déjà nés qui attendent, personne n’a les moyens d’avancer les frais vétérinaires qui vont s’imposer pour chaque chaton et personne non plus n’a les moyens de les protéger de tout… N’oubliez pas que gérer une mise bas et le sevrage qui s’en suit demanderont du temps et de la place (que personne n’a)… par contre, si les petits sont déjà nés, la responsabilité veut qu’on passe des nuits blanches en biberonnage certes mais qu’une vie c’est une vie. Et n’oublions pas qu’il y a un peu plus de 11 millions de chats errants en France !
Article Comment s’occuper d’un chaton orphelin ? ici = http://felinelove.fr/comment-soccuper-dun-chaton-orphelin/
Les règles d’or à suivre pour mener à bien les missions :
– La quarantaine : C’est une étape vitale pour le bien être du groupe. Et la quarantaine, comme le dit son nom c’est 40 jours, au minimum 3 semaines ce qui peut parfois correspondre au soin nécessaire à prodiguer ou de temps d’incubation de maladies courantes (coryza, typhus, teigne, galle d’oreille…), les virus hyper virulents sont d’incubation rapide de 24 heures à 5 jours, les virus courants jusqu’à 15 jours, mais nous avons vu des cas de typhus déclarés après les 15 premiers jours, donc il vaut mieux sauver plus modestement mais correctement… La quarantaine se fait forcément dans une pièce isolée du reste du groupe. Il faut prévoir lavages de mains et changement de vêtements (blouses et chaussons) avant et après pénétration dans la pièce. Tout le petit matériel (litière, gamelles, couchage…) doit être parfaitement désinfecté et utilisé uniquement pour l’animal en quarantaine. Il n’est pas question ici de propreté mais bien des mesures à prendre pour une désinfection efficace afin d’éviter un maximum la contamination. Il faut vous rapprocher de votre vétérinaire pour plus de conseils mais certains produits sont reconnus pour leur efficacité de désinfection (sanytol, saniterpen, virkon…)
Et NON mettre un chat(on) dans une cage et dans la pièce principale de votre habitation ou tout autre lieu où sont votre / vos chat(s) n’est pas une quarantaine !!
Une de nos pièces de quarantaine de 11 m² entièrement carrelée (Féline Love)

Et si vous avez bien compris le principe et la nécessité de la quarantaine, voir des annonces « recherche de mère allaitante pour nourrir un chaton trouvé », comme nous, ça vous donnera envie de HURLER !
JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS on ne met en péril toute une famille pour sauver un chaton : on choisit les biberons (oui c’est contraignant et non c’est pas drôle) et on fera la socialisation ensuite.
Et quand on a un soupçon d’épidémie ? et bien on prévient tout le monde : les collègues de la PA, les vétos, les gens qui suivent via les réseaux sociaux… on ne promène pas les chatons à droite à gauche en se disant que d’autres gèreront mieux : bref, on assume, même si c’est loin d’être drôle !
A l’issue de la quarantaine, la pièce et le matériel seront entièrement désinfectés avant toute introduction d’un nouveau rescapé de la rue. – Le bilan vétérinaire : à l’issue de sa quarantaine (ou pendant s’il présente des symptômes, des plaies ou tout autre problème qui nécessitent un avis de professionnel) l’animal doit avoir un suivi vétérinaire pour les soins de base : déparasitage (externe et interne), identification, tests FIV-FeLV, primovaccination puis rappel et bien évidemment stérilisation s’il est en âge. A chaque association de trouver un partenariat avec un/des cabinet/s vétérinaire/s de confiance. Les vétérinaires sont très souvent investis mais avec des contraintes de gestion du cabinet… à nous de les respecter… ce qui nous amène au point suivant…
– La gestion financière et administrative : Une association se gère avec la même rigueur et la même transparence qu’une entreprise à ceci prêt qu’il n’y a jamais d’enrichissement personnel.
Ce qui plombe généralement les associations, c’est l’argent. Pour démarrer une association, il faut déjà avoir conscience que rien ne pourra reposer exclusivement sur des dons. Tout président d’association s’est déjà retrouvé à devoir solder les factures avec son argent propre… il faut y être prêt. Sans salaire professionnel privé pour assurer ses arrières, on court à la catastrophe assez rapidement.
Bien évidemment les adhésions, les dons, les parrainages sont à la base du fonctionnement associatif mais pour tenir sur la durée et ne pas passer son temps à solliciter des gens qui sont généralement donateurs pour plusieurs causes, il faut trouver des stratégies.
Aux EntreChats et chez Féline Love, la stratégie repose sur les boutiques (sur Etsy pour Les EntreChats, sur Facebook et les marchés pour Féline Love). Elle demande un énorme temps de création c’est vrai mais elle permet cette année de toucher un public bien au-delà de nos « fans » et d’équilibrer avec plaisir les comptes financiers.
Et si on veut garder la confiance des donateurs, il faut être transparent et présenter des comptes financiers précis, vérifiables et accessibles à tous. C’est entre autres, l’intérêt de l’assemblée générale annuelle obligatoire pour les associations loi 1901.
– Les bénévoles : Il faut s’entourer de personnes de confiance et intimement convaincues de la nécessité des actions. On ne fait pas de la Protection Animale pour la gloire mais par conviction, ce qui implique de sacrifier beaucoup (vacances, loisirs…) pour sauver des vies. Que les bénévoles s’émoussent avec le temps, c’est une réalité qu’il faut comprendre et accepter. Chacun, à un moment ou à un autre doit faire des choix pour équilibrer sa vie privée, professionnelle et associative. La confiance entre bénévoles associatifs doit permettre de passer des relais, de faire des pauses, d’exprimer les difficultés rencontrées en sachant qu’elles seront entendues.
– La responsabilité et le sens des réalités : Il faut régulièrement faire face à des choix difficiles.
– Dire non quand il n’y a plus de place… Pas parce que nous sommes indifférents à la misère animale ou sociale qui l’accompagne généralement mais parce qu’on sait qu’il y a des animaux déjà engagés sous notre responsabilité et qu’on se refuse à mettre en danger… Des ambitions modestes mais réalistes voilà ce dont la protection animale a besoin (parce que multipliées par de nombreux bénévoles ça fait beaucoup d’animaux sauvés
– Reconnaître notre impuissance dans certaines situations (médicales ou sociales complexes) même si c’est socialement moins valorisant que d’avoir une cape de super-héros sur le dos en permanence…
– Gérer ses émotions : pour ne pas s’engager sur tout et n’importe quoi et à l’inverse ne jamais tout envoyer promener… au milieu de tout cela il y a les animaux, ne l’oublions pas ! Il faut aussi, pour les responsables, envisager le “et après” parce que personne n’est à l’abri d’un accident de la vie et que personne n’est éternel… Savoir ralentir quand il le faut, c’est important pour ne pas mettre en danger les animaux sous notre responsabilité.
Et si chaque responsable associatif s’engage sur les points précédents, la plus belle leçon que nous tirerons, tous ensemble de la Protection Animale sera celle-ci :
Chaque animal sauvé nous rend au centuple l’énergie dépensée !
Alors merci à vous tous qui nous suivez ici, à vous qui partagez les belles actions de solidarité quelles qu’elles soient.
Et merci à tous nos compagnons de vie pour la sérénité et l’humanité qu’ils nous apportent au quotidien !
Fabienne, Présidente des EntreChats et Nathalie, Présidente de Féline Love